Cet ouvrage s'attache à la question de la germanophilie d’une génération d'intellectuels québécois rassemblée autour de la revue culturelle Liberté, fondé en 1959, soit à l'orée de la « Révolution tranquille ».
Très tôt dans l'histoire de la revue, la néssecité d'une ouverture aux cultures étrangères a été mise au premier plan, d'abord dans l'optique d'une modernisation des institutions québécoises par un appel à d'autres formes d'expérience, et par la suite en vue de sortir des ornières du débat national.
Parmi les cultures auxquelles les animateurs de Liberté se sont intéressés, la culture allemande et, plus largement, les cultures germanophones occupent une place de choix. Pour cette génération d'intellectuels, l'Allemagne représente un recours efficace, et institutionnellement valorisé, contre des influences françaises et américaines souvent jugées étouffantes. Portée aux nues par des romanistes qui ne pouvaient que rêver d'être germanistes, la culture allemande telle qu'elle est perçue à la Liberté relève largement du fantasme et de la projection.
Dans L'Allemagne de Liberté, l'auteur s'emploie à décrire la nature des transferts culturels des pays germanophones vers le Québec entre 1959 et 1998, examinant successivement la sélection des objets culturels allemands, la médiation qui en assure le passage vers les intellectuels de la revue et la réception de cet apport étranger. Le livre trace le portrait d'une certaine « Allemagne québécoise » à mi-chemin entre rêve et réalité, et rend compte d'un « besoin » de l'Allemagne éprouvé par une génération minoritaire mais fervente.