La paysannerie traverse la longue carrière de Tolstoï. Son obsession avec cette classe sociale doit être comprise non seulement comme une préoccupation sociale ou humanitaire, mais aussi comme une réponse aux questions « Comment mener une belle vie? » et « Quel est le sens de la vie que la mort inévitable ne saurait détruire? » qui l’ont hanté sa vie durant.
La correspondance qu’ont échangée Tolstoï et quatre écrivains sectaires et liés à la paysannerie (Bondarev, Zheltov, Verigin et Novikov) révèle de grands penseurs. Au fil des échanges, les questions de religion et de moralité, du sens de la vie et comment faire pour le découvrir, et d’une gamme de questions sociales et personnelles du jour sont abordées. La lecture et l’analyse de cet ensemble d’échanges épistolaires enrichis de notes détaillées témoigne du développement progressif des idées qu’ils partageaient (ainsi que leurs divergences), et qui ont guidé la vie de chacun d’entre eux. La juxtaposition des lettres de Tolstoï et de ses quatre correspondants sectaires, qui sont présentées dans leur contexte original de dialogue – ou de conversation – permet d’en pleinement apprécier l’importance.
Dans le but de situer cette conversation dans un contexte plus grand, Andrew Donskov aborde la question de la relation qu’entretient Tolstoï avec les paysans en général, d’une part, de même qu’avec chacun de ces quatre écrivains, d’autre part. Il offre par ailleurs un texte de présentation sur les Doukhobors et les Molokans, deux groupes confessionnaux qui comptent encore aujourd’hui un nombre appréciable d’adeptes en Amérique du Nord.
Publié en anglais.