Quelle place la question juive a-t-elle occupée dans les pages du quotidien québécois Le Devoir dans la première moitié du XXe siècle? L’historien Pierre Anctil propose une analyse détaillée des éditoriaux publiés par ce journal respecté entre 1910 et 1947.
La position du Devoir relativement à la communauté juive de Montréal et au judaïsme en général est l’une des questions historiographiques les plus débattues en histoire juive canadienne.
En effet, les éditoriaux parus dans Le Devoir sont d’une grande signification dans la mesure où ils sont représentatifs de la réaction de l’élite francophone nationaliste à la présence juive à Montréal, à l’antisémitisme de l’État nazi allemand, et à la Shoah.
Plusieurs ouvrages de langue anglaise décrivent Le Devoir comme un exemple typique de la position idéologique du Canada français des années 1930 et sa méfiance, voire son hostilité, envers les Juifs. Jusqu’à maintenant, toutefois, aucune étude sérieuse n’avait été réalisée pour appuyer ou pour réfuter ce postulat.
Pierre Anctil propose une nouvelle lecture des éditoriaux du Devoir parus entre 1910 et 1947 – soit depuis la fondation du journal par Henri Bourassa jusqu’à la mort de son deuxième éditeur, Georges Pelletier. Environ 200 des éditoriaux publiés pendant cette période – soit 2 % du nombre total – portaient sur les Juifs et le judaïsme. Anctil a fait une sélection de soixante éditoriaux et les présente en version intégrale et offre un commentaire critique pour chacun.
De cette collection d’éditoriaux et leur analyse émerge enfin une idée plus claire de l’antisémitisme de l’époque, à la fois dans Le Devoir et dans la société québécoise.
Publié en anglais, une traduction du titre original "À chacun ses juifs".